MANEL NDOYE : Le trait d’union entre l’artisanat traditionnel et les mediums artistiques
Manel Ndoye, artiste peintre hors du commun reconnu, a ses lettres de noblesse dans l’Art Africain Contemporain. L’artiste au talent inédit a marqué la 15e Biennale de Dakar en remportant le Prix du Maire de la Ville de Dakar pour son œuvre en tapisserie intitulée « Portée Culturelle ».
« Waouh ! C’est magnifique ! », c’est la réaction commune de la plupart des visiteurs devant l’œuvre de Manel au Pavillon Sénégal au Musée des Civilisations Noires. Dénommée « Portée culturelle », l’œuvre est une tapisserie de Cinq mètres qui a su connecter l’artisanat traditionnel et les médiums artistiques.
La production artistique accrochée au mur, flottant au centre de la pièce capte l’attention avec ses couleurs plongeant le spectateur dans une immersion, un voyage dans la culture traditionnelle Lebou. Avec sa notion particulière de matérialité en traversant une technique de motifs pixélisés, l’artiste rend hommage à la tradition de la pêche et aux femmes qui à travers la danse de « Ndawrabine » encouragent leurs époux et les poussent à la victoire. L’artiste s’est concentré pendant sept mois pour la réalisation de l’œuvre, à l’aide des tissus wax et bazin, pour se démarquer des autres.
Toutefois, il a déjà signé une autre tapisserie de huit mètres. « Cette tapisserie, c’est comme si c’était tissé, alors que c’est de la peinture », précise-t-il, avec fierté.
Aux yeux de Manel, les femmes figurant dans l’œuvre entrain de danser, démontrent non seulement leur culture, mais aussi leur tradition et leurs identités vestimentaires.
Il retient que cette œuvre en recto verso, dénonce et sensibilise à la fois, les gens sur « le respect du milieu aquatique ». D’où l’image des poissons. « Cette œuvre marque notre relation avec le monde animal. Le fait que j’ai également utilisé la géolocalisation, c’est non seulement pour parler des pêcheurs, mais aussi de la pêche (…) », a souligné l’artiste
Issu d’une famille d’artiste, Manel est sorti major de sa promotion en 2010 enchaînant les expositions collectives. Grace à son désir de bien faire, il personnalise son style et se fait rapidement remarquer (Lauréat en Iran du 16e Festival international d’arts Visuels pour les Jeunes Artistes en 2009, Lauréat de la Fondation Blachère lors de la biennale de Dakar en 2012).
Sa peinture reflète sa recherche assidue d’un nouveau procédé pictural par la synthèse de différentes techniques et courants artistiques.
« Je compte dans l’avenir, développer et mieux partager mon art. En même temps aussi, aider les autres artistes à être créatifs, à travers des possibilités que je leur offrirai », annonce Manel Ndoye.
Loin de son terroir, Manel veut faire de son village natal Djender, un site artistique et attrayant qui va mettre en lumière l’Art et le savoir-faire des sénégalais, comme le souhaitait son défunt frère. Il veut réaliser leur projet en commun avec son défunt frère, sur la création d’un « grand centre » pouvant accueillir toute expression artistique au sein de leur village situé à près de 66 km de Dakar.
« Dout’s et moi, avions un grand projet, celui de la création d’un centre au niveau de notre village à Djender. Puisqu’il ne fait plus partie de ce monde, je vais continuer ce projet pour nous », lance-t-il, avec un ton subitement attristé. Selon lui, le projet vise à donner la possibilité aux étrangers et à des artistes désireux de résider au Sénégal, de découvrir l’intérieur du pays et l’hospitalité des gens du village.
Pour Manel Ndoye, « ce centre sera un moyen de rendre hommage à Dout’s et de permettre aux gens qui s’y expriment de se rendre également dans son musée, se trouvant à l’intérieur de sa maison pour découvrir ses œuvres ».
Manel qui s’en sortait pas mal en sciences, a tout de même foncé, pour vivre sa passion et se faire une place dans les beaux-arts. C’est par la suite, qu’il s’est inscrit à l’Ecole nationale des arts de Dakar pour se trouver une place dans la peinture.